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Nous, « Techniciens d’Enseignement Artistique », tenons tout d’abord à remercier les Professeurs d’Enseignement Artistique et les Chargés de Cours, pour leur soutien au règlement de notre statut sous la forme d’Assistant d’Enseignement Artistique. Ces professeurs ont su, lors des réunions de fin d’année mettre la direction face à ses responsabilités dans la non-résolution de notre dossier. La pétition qu’ils ont fait circuler lors de la dernière Assemblée Générale, nous a également touchés. Elle a permis un total revirement de la direction, car son intention était toute différente (et surtout réductrice), à notre propos, comme nous en avons eu confirmation lors de la réunion de la veille du CP.
Cependant, pour éviter toute ambiguïté quant à la situation actuelle, nous souhaitons fournir quelques précisions et vous faire part de nos doutes concernant les annonces faites au dernier CP, que le compte-rendu ne reflète pas entièrement.
La seule échéance clairement formulée, après les deux réunions des 22 juillet et 5 août entre la Direction et la Tutelle - où aucun d’entre nous n’était convié, pas même le représentant de la CGT en charge de notre dossier - est une réunion « exploratoire », fin août ou début septembre. Celle-ci aurait pour but de traiter nos dossiers au cas par cas et examiner les différentes filières administratives possibles. Or il n’y a qu’une filière possible et nous faisons tous le même travail. Nous sommes donc loin des affirmations calendaires de la responsable administrative et financière, selon lesquelles cette réunion devait entériner un changement de statut allant dans le sens de notre demande (AEA).
Nous avons décidé de fournir un historique (simplifié) et un argumentaire, pour permettre de prendre position face à la situation d'urgence dans laquelle nous sommes. Il s’agit de passer impérativement d’un état de non-statut (TEA) à celui d’AEA, avant le passage de l’ESADS en Etablissement Public de Coopération Culturelle (EPCC). L’EPCC s’avère nécessaire pour donner une autonomie indispensable aux anciennes écoles d’art municipales et attribuer, à partir de 2012, des diplômes au niveau Master II.
Historique
En 1994 ont été modifiées les lois concernant les cadres d’emplois dans les écoles d’art, de musique et de danse. Les législateurs ont décidé qu’il y aurait deux sortes d’enseignants formant les étudiants dans ces structures, des Professeurs d’Enseignement Artistique (PEA) et des Assistants d’Enseignement Artistique (AEA) ou Assistants Spécialisés d’Enseignement Artistique (ASEA), lorsque ceux-ci interviennent dans des écoles ne délivrant pas de diplômes nationaux ou enseignent en cours du soir, ces deux derniers cadres d’emploi ayant vocation à fusionner prochainement. 
Si les choses se sont passées normalement dans les écoles de musique et de danse, il n’en a pas été de même dans certaines écoles d’art, où les directeurs en place à l’époque ont considéré qu’être en charge de l’enseignement technologique dans les ateliers ne constituait pas matière à être enseignant. Il a donc été proposé à ces personnels des statuts de Techniciens Territoriaux, basculant souvent ces personnels de la filière culturelle dans la filière technique. Emmenés à l’époque par l’ancien directeur de l’ESADS, Jean-Pierre Greff, alors président de l’ANDEA (Association Nationale des Directeurs d’Ecoles d’Art), ces écoles ont proposé à leurs personnels des statuts à 40 heures, au moment du passage aux 35 heures, les 5 heures supplémentaires étant récupérables au moment des vacances scolaires. C’est ce même type de statut que nous propose, encore et toujours, la responsable administrative et financière de l’ESADS.
A Strasbourg, deux techniciens, ont passé avec succès le concours d’AEA. La municipalité a refusé d’ouvrir les postes sous la pression de l’ancien directeur, cette réussite ne leur servit donc à rien. Après de nombreuses péripéties, dont une pétition des étudiants, nous sommes parvenus à un accord, en 2000, qui stipulait que l’aménagement TEA allait devenir un statut national, nous proposant aussi une grille quelque peu avantageuse au niveau des primes. Celle-ci, se calquerait sur le grade de Technicien Supérieur Chef (TSC) avec des contrats de trois ans, et offrant de plus le bénéfice de la plupart des vacances scolaires. Ces aménagements, qui font dire à l’actuel directeur que notre situation n’est pas la pire, n’ont pas été des cadeaux, mais le résultat d’âpres négociations, dont l’une des principales (statut national) n’a jamais vu le jour et ne le verra jamais. Nous sommes donc de fait dans une impasse.
TEA n’est pas un véritable cadre d’emploi et il ne l’est jamais devenu, contrairement aux promesses de Jean-Pierre Greff. En réalité, loin de s’arranger, notre situation n’a fait que se détériorer au fil des ans, malgré notre bonne volonté et les propositions faites à la direction, pour tenter de sortir de l’impasse de cette situation particulière. Cet aménagement rend très difficile, entres autres inconvénients, la possibilité de titularisation. En effet ce que nous faisons à l’école ne correspond que partiellement à un profil de technicien, et surtout « l’aménagement » TEA, n’existant qu’à Strasbourg, en plus de nous interdire toute mobilité, ne fait que suggérer notre rôle pédagogique, alors qu’il s’agit de l’essentiel de notre travail.
Seuls deux TEA ont encore bénéficié de ces dispositions en 2001. Lors du changement de direction, ces dispositions ont été « oubliées » et tous les autres recrutements, au nombre de 4, l’ont été sur des grilles moins-disantes et sur des contrats d’un an au mieux, avant l'obtenion d'un éventuel contrat de trois ans. Nos remarques n’y ont rien changé et il a fallu batailler, dans presque chaque cas, pour obtenir ce minimum de durée de contrat, mais il fut impossible de faire bouger les grilles.
L’un d’entre nous qui avait passé le concours d’AEA a été obligé de partir à Orléans pour en bénéficier, beaucoup d’entre vous s’en souviennent. Aujourd’hui, il n’y a plus de possibilité de passer ce concours, car, soit les directions d’école qui ont eu l’honnêteté intellectuelle de régulariser les statuts de leur personnel (Metz, Toulouse, Orléans par ex.), l’ont fait depuis belle lurette, soit il reste des écoles qui ont décidé de maintenir une partie de leur personnel dans une précarité inadéquate en leur proposant un type de contrat détourné (Strasbourg, Mulhouse, Besançon, Nancy par ex.).
Ces écoles (y compris l’ESADS) peuvent, à la faveur des EPCC, obliger leurs personnels en situation précaires à accepter n’importe quelles conditions et comme l’ont déjà entendu certains de mes collègues, devraient s’estimer heureux d’avoir un travail. Ceci augure mal des conditions qui seront faites à certains d’entre nous (PEA et TEA) lors de ce passage.
Le manque de clarté, quant aux intentions de la direction pour les personnels, lors du passage en EPCC, prouve, s’il en est besoin, son absence de volonté de régler positivement la question de nos statuts. Nous n’allons donc pas une fois de plus régresser et accepter ces conditions sans réagir, alors qu’il nous avait été promis de régler nos dossiers rapidement, il y a de cela plus de deux ans !
Nous constatons tout de même une sorte de constance dans les propositions sur une dizaine d’années, qui consiste à nous rajouter des missions pédagogiques, hors cadre d’emploi et hors statut et ce, pour des salaires d’engagement en baisse. Le seul argument pour éviter de faire progresser nos dossiers restant un pauvre argument économique.
Si l’exemple de l’option Communication, qui a su régler ses problèmes de réduction d’effectif et de titularisation de postes en les rendant publics n’est pas celui que nous préférons, comme nous l’avons exprimé lors des faits, nous commençons à nous demander si ce n’est pas la seule solution. C’est en tout cas ce que nous laisse penser le non-traitement systématique de nos dossiers et les vagues propositions consistant à considérer nos situations au cas par cas.
Le seul dossier qui soit parvenu à la Ville a été si mal présenté (demande de créations de six postes supplémentaires), malgré nos propositions multiples (annualisation et regroupement géographique des bases techniques) pour obtenir un règlement en douceur, qu’il a évidemment été rejeté. Ce dossier n’avait d’ailleurs fait l’objet d’aucun consensus.
Quoiqu’il en soit, tant que nos revendications élémentaires et pourtant anciennes quant au statut d’AEA ne sont pas validées, début septembre, par les autorités de tutelle, nous tenons à préciser, que contrairement aux affirmations du directeur, lors du dernier CP, nous nous opposons clairement à ce que nos cours de formations apparaissent dans le guide des études, même si nous ne pouvons nous y opposer formellement.
Argumentaire
Il faut clairement dans cette école un enseignement technologique de qualité avec des personnels sur des statuts réels d’AEA, capables de prendre en compte les différentes pédagogies. Et non une sous-classe d’enseignants que l’on nourrit avec de fausses promesses ou en donnant de faux espoirs.
Nous sommes tous des spécialistes dans notre champ de compétences et nous savons les faire partager au sein de nos ateliers.
Nous assurons tous des cours, sous forme singulière et au service de cursus complexes, nous prenons tous en charge des ARCS et des workshops.
Nous savons travailler ensemble (synergie) et renvoyer les étudiants vers les compétences nécessaires au bon déroulement de leurs projets.
Nous avons su démontrer notre qualité d’enseignants en mettant en place et en organisant des cours de formation depuis longtemps, puis des cursus de formations à la demande du directeur.
Nous assurons également le suivi d’un nombre très important de projets d’étudiants, de la première à la dernière année.
Nous avons aussi pris l’habitude de travailler en collaboration avec une grande partie des professeurs, lors des exercices, des workshops et autres cours. 
Nous avons su montrer que nous étions capables de prendre en compte l’ensemble des problématiques des diverses options à travers la coordination menée pendant deux ans.

Depuis toujours nos cours sont taxés d’appellations diverses, pour qu’ils n’apparaissent pas sous ce titre, nous avons donc droit à : "initiations", "perfectionnements", "formations", "transmissions" ou encore "descriptions détaillées", "modules", "apports et prérequis".
De la même manière, on nous donne toutes sortes de titres comme : "assistants techniciens", "techniciens d’assistance pédagogique", etc...
Il n’y a que le groupe (pôle ?) Objet qui n’use pas de ces artifices (cf. le Guide des Etudes).
Tout ceci démontre simplement le malaise créé par un non-règlement hypocrite, car simplement économique. Si nous étions AEA, nous serions appelés à faire moins d’heures, ce qui pourrait être compensé par une meilleure organisation des espaces de travail et une annualisation de notre temps de travail, en prenant en considération les temps forts (cours de formation, workshops et suivi des diplômes) et les temps faibles (expérimentations et exercices).
Il s’agira également d’étoffer les plateaux techniques par la présence de techniciens « purs », sans charge pédagogique, nous débarrassant des contingences matérielles. Nous avons appris, lors du dernier CP le recrutement d’un technicien numérique qui sera affecté à cet effet, ce qui va dans le bon sens, si on ne lui demande pas encore une fois de prendre pédagogiquement en charge des étudiants, hors statut. 
Conclusion
Aujourd’hui nous demandons une solution unique, définitive et réparatrice des torts subits par le refus obstiné du seul statut qui vaille dans une école d’Art : l’ouverture de tous nos postes en AEA dès la rentrée, notre nomination sur ces postes et non le traitement au cas par cas qui avait été suggéré et qui n’a jamais été mis en œuvre, ni même commencé à être négocié. Ce traitement au cas par cas n’a lieu d’être que dans le cadre du statut d’AEA par des différences d’échelons. Nous demandons également un rattrapage des salaires des derniers arrivants qui ont beaucoup perdu en étant placés sur des grilles moins intéressantes que TSC, ainsi que le maintien du niveau de rémunération de ceux qui sont aujourd’hui sur le grade de TSC.
Nous n’oublions pas les autres précaires de l’école pour qui aucune solution n’a été trouvée, faute de volonté politique alors même que des solutions avaient été proposées.
Nous pensons notamment aux Chargés de Cours de Longue Durée et particulièrement à l’un d’entre nous qui est dans une situation encore plus déplorable ou à tel autre qui vit avec des contrats annuellement renouvelés depuis dix ans. La liste est malheureusement loin d’être exhaustive.
En signant la pétition ci-jointe qui sera remise à notre direction et à notre tutelle (Ville de Strasbourg et Communauté Urbaine), vous marquerez votre soutien pour notre passage, pour tous et sans délai supplémentaire, au cadre d’emploi d’Assistant d’Enseignement Artistique.
Notre syndicat et nous-mêmes sommes prêts à en assumer les conséquences en fédérant l’ensemble des personnels des écoles d’art, qui sont exploités par des contrats à la limite de la légalité et en tous cas indignes, au vu des missions demandées.

Les Techniciens d'Enseignement Artistique de l’ESADS


Ateliers de l'ESADS en danger